Entrevue avec Félix du Refuge Pageau | Portrait d’entreprise – Campagne mois de l’économie sociale 2021

« Le Refuge Pageau accueille les animaux sauvages dans le besoin dans une optique de réhabilitation en vue de les remettre en liberté. Lorsque la libération est impossible, il offre un abri à long terme à ces animaux auxquels il doit la poursuite de sa mission. C’est leur présence qui attire chaque année nombre de visiteurs que le Refuge éduque sur le respect et la conservation d’une très grande richesse, la forêt boréale et ses habitants. »

Michel et Louise Pageau, les fondateurs, se sont consacrés à la sauvegarde des animaux sauvages et à l’éducation du public depuis le tout début, alors que le « Refuge » était un aménagement dans leur cour. En 1986, cet aménagement est devenu un organisme à but non lucratif et a pu s’agrandir grâce à une première subvention du gouvernement du Québec.

 

 

Entrevue avec Félix Offroy, directeur du Refuge Pageau

 

Isabelle (Espace EC) : Pourquoi avoir choisi de travailler en l’économie sociale?

Félix (Refuge Pageau) : Je n’ai pas choisi l’économie sociale, elle était déjà là quand je suis arrivé au Refuge, je suis tombé dedans comme dans un bain.

Les activités d’économies sociales au Refuge ont commencé en 1986 avec la création de l’organisme et la première subvention du gouvernement pour créer le site et payer Michel et Louise pour s’occuper des animaux. Au premier jour des activités de l’organisme, les visiteurs ont commencé à payer officiellement afin de pouvoir venir sur le site. Donc quand je suis arrivé, ces activités étaient déjà débutées. Depuis j’ai continué à développer notre appartenance à l’économie sociale.

 

 

Isabelle (Espace EC) : Qu’est-ce qui vous rend le plus fier dans votre entreprise d’économie sociale?

Félix (Refuge Pageau) : Pour moi, le plus important, c’est de développer les gens qui sont dévoués à notre mission. Au départ, ils le sont par passion, ils ne sont pas là pour l’argent. Notre personnel, comme notre clientèle, est animé par quelque chose de commun. Ces gens ont un objectif, et c’est un désir profond de faire une différence pour le domaine.

Il y a un mot que je n’aime pas, c’est « vocation ». Ce n’est pas une vocation, c’est plutôt une implication, un investissement de ces personnes dans la mission, qui le font avant tout par passion. C’est un choix.

Les animaux sont notre cheval de bataille, mais les humains aussi sont importants. En ce moment, on a aussi recueilli des chats. Pendant que je te parle, j’en ai un avec moi sur mon bureau. Si j’ai accepté de garder ces chats au bureau et de les laisser se promener sur le bureau et de fermer l’ordinateur à tout bout de champ, c’est aussi parce que j’ai deux employées qui sont folles des chats. Je le fais aussi pour elles. En passant, j’ai un chat à te donner si ça t’intéresse! (Rires)

Une autre chose très importante que je vais te dire : quand tu as une personne souffrante avec toi, dans ton équipe, une personne qui a des difficultés ou qui est différente, et que tu la mélange avec tous les autres, tout le monde y fait attention. Cela crée une synergie, d’amitié et d’amour. Cela amène à faire attention aux autres aussi, dans l’équipe, et pas juste ceux qui sont souffrants. Tout le monde se met à faire attention à tout le monde. Je suis convaincu que c’est beaucoup plus comme ça que dans une entreprise ordinaire. Tout vient des animaux et des gens qui ont besoin qu’on prenne soin d’eux.

On a commencé à faire de l’insertion sociale après avoir assisté à une conférence de Vision-Travail. Je peux dire qu’avec l’amour qu’on donne à tous nos employés, ils deviennent tous productifs. Sans l’amour, ils ne performeraient pas. L’équipe, c’est un tout. Il n’y a pas de personne plus importance qu’une autre. L’équipe, c’est le pilier. C’est ce qui me rend le plus fier.

 

 

Isabelle (Espace EC) : On parle beaucoup d’achat local, d’économie circulaire et de changements… comment l’économie sociale peut répondre aux enjeux actuels des communautés?

Félix (Refuge Pageau) : Une autre chose très importante aussi au Refuge Pageau, et dans l’économie sociale, c’est d’enlever l’importance des profits à tout prix, tout en faisant rouler l’économie. Par exemple, au Refuge, on va chercher des subventions pour des travaux, pour des infrastructures, à tous les paliers gouvernementaux. Avec ça, on engage des contracteurs d’ici, on achète dans nos commerces locaux. Ces « affaires », ça rapporte beaucoup à la communauté.

C’est un bon roulement économique que nous pouvons faire passer par le filtre de nos valeurs. Aussi, chaque année, je travaille pour que le salaire de notre personnel s’améliore de plus en plus.  Chaque année, on continue de faire du développement, doucement. Je pourrais aller plus vite, mais je le fais au rythme qui respecte notre équipe et nos besoins.

Donc pour moi, toutes les entreprises d’économie sociales ont de l’intérêt pour la communauté, et il faudrait davantage les citer, les nommer, car elles ne sont pas assez connues. On les a et il faut s’en servir pour s’aider. Il faut encourager nos entreprises d’économie sociale, et il faut aussi en créer d’autres. Comme un dépanneur de village, ça devrait toujours être sous une formule collective.

Ça devrait faire partie de nos vies de toujours aller voir l’offre de produits et services dans nos entreprises d’économie sociale AVANT d’aller voir ailleurs. C’est du commerce local, c’est une grande solution aux maux écologiques.

Tout ça, c’est vaste comme sujet!

 

Une entreprise d’économie sociale: qu’est-ce que c’est?

Aussi connue sous le nom d’entreprise collective, une entreprise d’économie sociale est une coopérative, une mutuelle ou un organisme à but non lucratif marchand, donc qui vend des produits ou des services. Les activités économiques de ce type d’entreprise lui permettent de réaliser sa mission et les profits générés sont toujours réinvestis dans la mission. La mission d’une entreprise collective doit être articulée autour de besoins locaux, qu’ils soient économiques, sociaux, individuels ou collectifs.

Dans le cas du Refuge Pageau, les entrées de visiteurs constituent un revenu autonome important pour l’organisme et permettent de couvrir une bonne partie du budget annuel. À ces revenus autonomes s’ajoutent des subventions ponctuelles, que ce soit pour le développement d’infrastructures, pour des emplois étudiants ou des programmes de réinsertion, etc.

Pour en apprendre plus  :

Entreprise collective d’économie sociale – Espace EC | Entrepreneuriat collectif